Covid19 et le triangle de Karpman :
Cette page est écrite fin mars 2021, plus d'un an après l'apparition du virus.
La manière dont est perçue et gérée la crise de la Covid19 m'apparaît comme l'illustration parfaite du triangle dramatique : victime, persécuteur, sauveteur tel que défini par Steven Karpman en 1968.
Ce système de fonctionnement, que je décris largement à la page "victime ... irresponsable ?", est constitué d'une triangulation nommée par Karpman "triangle dramatique" : un stratagème que nous jouons de manière inconsciente entre trois pôles : victime, sauveteur et persécuteur.
Ce qui est dramatique, c'est le fait qu'il est quasiment impossible d'en sortir. Tout au plus peut-on essayer d'y changer de rôle. Mais pour en sortir réellement, il faut envisager une toute autre approche de la situation, dans une autre hiérarchie de valeurs, ce qui nécessite un courage rare et peu commun.
- La victime : c'est le rôle principal, celui qui apporte le plus de gratifications, de bénéfices secondaires et de reconnaissance. Me présenter en victime consiste à me plaindre de façon soutenue d'un préjudice que j’ai subi (réellement ou que je considère comme tel) ou que j'ai contribué à mettre en place. La victime est la personne qui en réalité engage la dynamique du triangle.
Covid19 : La victime, c'est la population :
"Nous sommes attaqués par un virus",
"C'est affreux ce qui nous arrive !", ...
- Le persécuteur : il peut être réel ou fictif, perçu et jugé comme tel par la victime, même si ce n’est pas la réalité. Dans la réalité, il peut agresser physiquement ou psychologiquement.
Le persécuteur est complètement tourné vers sa victime qu'il assujettit, culpabilise, domine, effraye,
frappe, humilie, insulte, manipule, menace, violente,
tyrannise.
Covid19 : Le persécuteur, c'est le virus, à qui on fait dire : "Je suis contagieux et mortel", "Si vous ne faites rien vous allez tous mourir", "Je suis capable de mutations qui vont me rendre encore plus agressif ", ...
- Le sauveteur : au départ, le sauveteur agit généralement avec une bonne intention. Il est convaincu qu'il doit absolument faire quelque chose pour aider l'autre, croit savoir mieux que quiconque ce qu'il faut faire, se sent indispensable et irremplaçable, fait les choses à la place de l'autre même si on ne lui a rien demandé.
Mais il est en général très peu efficace, car parmi ses buts inconscients figure celui d'entretenir la victime dans son rôle pour rester dans le sien.
Covid19 : il y a beaucoup à dire sur ce sujet. Je vais essayer de développer ce thème ci-dessous.
Les sauveteurs de la crise Covid19 :
Le premier sauveteur qui s'est présenté fut le corps médical. Il fut applaudi et gratifié d'admiration. C'étaient les soldats de la ligne de front. Bravo et merci à eux.
Très vite sont apparus une série d'"experts", certains autoproclamés, d'autres plus ou moins reconnus, et d'autres faisant figure de perturbateurs par leurs avis divergents.
Ces "experts" énonçaient à tout vent leurs "vérités" sur la manière de gérer le persécuteur Covid, il n'était pas facile de s'y retrouver.
Comme il fallait coordonner tout cela, et ça allait dans tous les sens, chaque pays a considéré comme deuxième sauveteur ses politiciens, qui prenaient des décisions plus ou moins influencées par une équipe d'experts, eux-mêmes plus ou moins éclairés par leur expérience ou celle de l'industrie pharmaceutique.
Le troisième sauveteur apparaît alors. Il s'appelle "confinement", "quarantaine", "ne plus sortir", "s'isoler", etc. Bref, un sauveteur exigeant, basé sur l'entrave à la liberté individuelle, qui sera régulé fermement par tous les moyens de répression possible.
Il faut dire que si la population n'était pas figée par la peur du virus (et donc de la mort), elle n'accepterait jamais qu'un pouvoir politique s'arrogeant des pouvoirs spéciaux (de crise) lui retire ses libertés les plus fondamentales.
Apparaît alors le quatrième sauveteur : le tracking. Une application installée sur les téléphones mobiles permet de localiser les gens et de retrouver leurs contacts proches des dernières semaines. Des équipes sont également mises en place, qui sont censées affiner ce système. Ce système ne donne pas les résultats escomptés : les gens sont méfiants, le programme ne fonctionne pas trop bien, et les centrales d'appel non plus.
A la même période, on découvre le cinquième sauveteur : isoler les gens, prendre des décisions d'entrave de liberté en fonction des tests de laboratoire et des statistiques. Le chiffre-clé retenu est le "taux d’incidence", c'est le nombre de tests positifs par 100.000 habitants au cours des 7 derniers jours.
Du point de vue statistique, donner de l'importance à ce chiffre, c'est une ineptie totale.
Pourquoi ? Parce que ce chiffre ne tient pas compte du nombre de tests effectués ! Donc, plus on fait de tests, plus on risque d'avoir un grand chiffre ...
Pour avoir une meilleure notion de l'impact de la maladie, il aurait fallu prendre en considération un chiffre représentant le "taux d'incidence' rapport au nombre de tests. Ce ne fut pas le cas.
Illustration de cette aberration : le grand Duché de Luxembourg, qui testait systématiquement dès juin 2020 tous ses habitants, était en tête des cas positifs et pointé du doigt ... tandis que la Lettonie qui ne testait quasi personne jusqu'en novembre 2020, était tout en bas du classement et se prétendait non infectée, dans une fausse illusion de bonne santé.
Les frontières se sont alors ouvertes ou fermées, l'Europe perdait sa libre circulation entre les états membres, et beaucoup de choses ont été remises en question par la population.
Heureusement, l'industrie pharmaceutique promet un sixième sauveteur, appelé vaccin, qui aurait dû permettre dès janvier 2021 de se débarrasser du troisième (l'entrave à la liberté) et du cinquième sauveteur (l'interdiction de voyager).
Au moment où j'écris ces lignes, fin mars 2021, le vaccin est en difficulté : la vaccination à grande échelle n'arrive pas à se mettre en place dans la plupart des pays, il y a des retards de livraison de vaccin, on fait face à des mutations inattendues du virus, et certaines personnes ont des effets secondaires inquiétants qui induisent une méfiance de la population.
Alors, les gouvernements réutilisent le troisième et le cinquième sauveteur (privation de liberté, entraves aux voyages), en espérant gagner du temps, sans prendre aucun risque collectif.
D'autres sauveteurs auraient pu être imaginés, mais ont été peu envisagés dans nos pays, par exemple :
- bâtir de nouveaux hôpitaux spécialisés
- faire des études approfondies sur les groupes à risque et les protéger exclusivement
- encourager plus de recherche sur la médication
- privilégier un autre mode de vie développant l'immunité
-
développer toutes les formes de tests rapides.
Chaque pays a introduit diverses régulations, allant des plus sévères, voire inhumaines (ne pas rendre visite à ses parents mourants) aux plus pittoresques (faire du kayak au printemps, s'asseoir uniquement côté fenêtre dans les trains, etc.).
Tout cela a amené au fil des mois une partie de la population à un rejet des mesures.
Le sauveteur vaccin n'amenant pas de résultats rapides, une partie de l'humanité est maintenant (fin mars 2021) arrivée à un ras le bol complet.
Et quand les rôles changent dans le triangle ?
Le triangle de Karpman est dynamique, c'est-à-dire que selon le développement pris par le scénario, les participants d'une même histoire peuvent changer de rôle une ou plusieurs fois, passant de victime à agresseur, de victime à sauveteur et ainsi de suite.
Assez vite dès le début de la crise, on a vu surgir des "chercheurs", "experts", "conférenciers" en tous genres, certains véritablement compétents et parfois rejetés, et d'autres incompétents ou pittoresques mais influents sur les réseaux dits sociaux (Facebook, Youtube).
On a donc une série de permutations du triangle de Karpman, par exemple :
- victime : les gens dans l'ignorance --- agresseur : Bill Gates/ la 5G--- sauveur : un conférencier qui prétend avoir le "savoir"
- victime : les gens qui veulent être vaccinés --- agresseur : le vaccin --- sauveur : les théories anti-vaccin d'un autre conférencier
- victime : les déprimés --- agresseur : le gouvernement --- sauveur : la désobéissance à la loi
- victime : les assoiffés spirituels --- agresseur : tout ce qui se passe --- sauveur : leur gourou
- victime : le corps médical --- agresseur : l'industrie pharmaceutique --- sauveur : un médecin et son traitement spécifique.
Sortir du triangle (et sans doute de la crise) ? Comment ?
Comme je le mentionne en début de page, il est quasiment impossible de sortir du triangle dramatique de Karpman.
Tout au plus peut-on essayer d'y changer de rôle.
Mais pour en sortir réellement, il faut envisager une toute autre approche de la situation, dans une autre hiérarchie de valeurs.
Et parfois, il faut en rejeter l'ensemble pour se tourner vers quelque chose de totalement différent.
Cela nécessite un courage rare et peu commun, avec une prise de risques vers l'inconnu.
Oserait-on risquer un autre modèle de société ?
Par exemple :
- développer, comprendre, et respecter l'harmonie avec la nature
- se tourner vers un mode de vie développant l'immunité naturelle
- choisir de vivre dans des pays où il y a de la place
- chercher à établir une société responsable, à tous les niveaux
- contrôler internet, ou l'affecter à autre chose qu'à la publication des réactions spontanées du premier néophyte venu.
Personnellement, je crois qu'on ne sortira pas facilement de cette crise Covid et de son triangle de Karpman ...
Je souhaiterais une profonde métamorphose de l'âme humaine, mais qui surgirait de quelle manière ? dérèglement climatique ? guerre nucléaire ? chute totale de la bourse ? ou ... une véritable pandémie, celle qui tuerait les 2/3 de l'humanité ?.
Les peurs omniprésentes :
La quasi totalité de la population est en ce moment figée par la peur, et c'est bien compréhensible !
C'est
en se basant sur cette peur, que certains politiciens établissent des pouvoirs dictatoriaux, certaines entreprises gagnent des fortunes, et un certain nombre de gens incompétents mais disposant d'un certain pouvoir prennent des décisions complètement aléatoires ou erronées ... combien de temps cela peut-il encore durer ?
Les peurs sont diverses et forment une véritable spirale :
- peur d'attraper la maladie
- peur de perdre son emploi, de la faillite
- peur que s'établisse la dictature, politique et scientifique
- peur de perdre sa liberté, d'être fiché, pucé, suivi, contrôlé
- peur des sanctions et répressions policières
- peur de ne jamais retrouver le confort de vie d'avant
- peur de l'avenir, de ne jamais en sortir
-
et surtout ... peur de la mort, la sienne ou celle de ses proches
La mort ... toujours bien là !
Ces dernières décennies, on a voulu éliminer et cacher la mort. La voilà qui revient au premier rang. Certains sont étonnés qu'elle existe toujours !
Dans l'urgence, il y a trois sortes de réactions possibles, disent les psychologues :
- affronter
- rester figé
- s'enfuir
Face à cette conscience de la mort, comment allons-nous réagir ?
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Prenons cette crise (le confinement) comme une opportunité d'un retour sur soi et bien sûr aussi d'une plus grande attention à ses proches : passer plus de temps avec sa famille, jouer et échanger avec ses enfants, parler au téléphone plus longuement avec ses amis sur les choses les plus essentielles de nos vies.
Frédéric Lenoir