La frustration est un état mental d'insatisfaction caractérisé par un déséquilibre entre un désir ou une attente, et sa réalisation du fait qu'il n'est pas (encore) réalisé.
Les sources de frustration peuvent être internes ou externes.
Les sources internes proviennent de déficiences personnelles : insatisfaction, manque de confiance, peur, etc.
Les causes externes sont générées par une interférence ou un conflit avec une autre personne, qui empêche d'atteindre le but désiré : jalousie, rancune, orgueil, etc.
La frustration génère une souffrance chez la personne frustrée, qui peut alors s'enfuir dans l'obsession, l'addiction, la dépression, ou d'autres comportements inadaptés. J'illustre largement ces difficultés dans les pages 'colère', 'morphine', 's'enfuir', et 'humiliation'.
------------------
Sujet tabou ?
On n'en parle pas. Ni dans les conversations courantes, ni sur internet. Même dans les sites les plus compétents, il n'y a que quelques lignes hésitantes qui tentent de la définir.
L'étudier et en parler, c'est avouer son propre assujettissement, ce qui est peu compatible avec l'orgueil humain.
C'est sans doute ... trop frustrant d'en parler ... ?
------------------
Facteurs favorisant la frustration
- la société et sa structure
- le statut social
- le conditionnement de l'individu
- le système hiérarchique du pouvoir
-
le bombardement publicitaire
-
le snobisme, le faux-self, l'orgueil, l'impatience
- le sentiment d'injustice et la révolte qui en découle
------------------
Comment vivre ses frustrations ... sans faire de morts ?
- soigner sa jalousie, son envie, son orgueil, ses rancunes, sa révolte
- utiliser l'humour, et pourquoi pas ... la dérision !
- apprendre à vivre intensément le moment présent et l'accepter tel qu'il est
- assumer, sublimer ... nourrir son âme et avoir une vie profonde
- et surtout : changer de système de fonctionnement !
------------------
Le bonheur et l'ascèse
L'idéal ascétique n'est pas, comme le pensait Nietsche, un idéal de mort, une forme de suicide. Nietsche confondait ascèse et mortification.
L'ascèse consiste, comme le dit Maurice Béjart, " à choisir perpétuellement l'essentiel".
Et Béjart ajoute : "c'est en ne gardant que l'essentiel et le nécessaire que l'on trouve les forces de la vitalité et de la vérité. [...] L'épanouissement doit être une ascèse, un dépouillement qui n'est pas une contrainte négative comme la mortification. [...] Je crois qu'actuellement le drame de l'époque consiste à faire croire aux gens qu'en multipliant leurs besoins, on augmente leur joie ... La seule issue pour le monde actuel, c'est non pas la privation, je n'aime pas ce mot-là, mais c'est la joie dans le dépouillement".
Ces propos sont éclairants. L'orientation est donnée : vitalité et vérité, innocence à retrouver. Mais aussi le prix à payer : un travail intérieur préliminaire.
------------------
Eviter les frustrations ?
Oui, un maximum. C'est probablement la solution la plus simple, mais tellement à l'encontre de notre société capitaliste actuelle !
Cela implique de se protéger de toutes les sollicitations et tentations malvenues, nourries par la publicité, par certaines promesses commerciales, politiques ou religieuses mensongères, les désirs d'appartenance à tout prix, ...
------------------
Qu'en disait Freud ?
"C'est au travers de la frustration et de l'attente que naît un Objet extérieur d'où vient la gratification. Sans cette frustration et cette attente, il n'y a pas de limites entre le Moi et le non-Moi."
La frustration est donc essentielle à l'existence. La plus grande frustration (précédant le complexe d'Oedipe) ne provient-elle pas de la séparation du bébé avec sa maman ? Mais comment pourrait-il en être autrement ?
------------------
Et la pensée Jungienne ? (source : merelle.net)
Moi ?
Qui, moi ?
Lequel es-tu de ces mille visages que tu montres ? Sais-tu qui t'habite ? Sais-tu qui tu es ? Sais-tu quel est l'élan qui te porte ? Es-tu un ou es-tu mille ? Tous les jours, ton humeur change ; avec elle, tes désirs et tes projets !
Tu rêves de transparence et te voilà plongeant dans le mensonge et la compromission.
Tu as soif de profondeur et d'intériorité et te voilà t'installant dans la banalité, cette banalité rampante qui rogne tes ailes naissantes.
Tu veux régler ta vie pour l'aventure intérieure et te voilà, écervelé versatile, te diluant dans le monde.
Où est ta continuité ? Qu'est-ce qui te fait toi ? Quel sens ta vie a-t-elle dans l'économie du monde ?
Ces questions lancinantes reviennent périodiquement. Elles entretiennent un fond de frustration et d'insatisfaction qui nous porte à désirer de plus en plus le changement.
Oh oui, échapper à ses routines, être en vacances de soi et de ses propres pesanteurs, ne plus revenir en arrière, avancer, alors que sur cette voie de la transformation, il semble bien qu'on n'en finisse pas de commencer !
Que faire ?
" Hic Rhodus, hic salta ", "C'est ici Rhodes, c'est ici que tu dois danser !" : Jung aimait répéter cette phrase. Oui, c'est ici et maintenant que nous devons vivre, oui une partie de nous ne doit pas craindre de s'engager dans le tourbillon du quotidien, mais il importe également de trouver en soi ce témoin intérieur suffisamment distancié pour ne pas s'identifier aux mouvements du moi. Là est le centre, là est le point fixe, c'est là que s'enracine le Je !
------------------
Conclusion
La frustration est une invitation à chercher le bonheur en moi-même ... et "trouver le bonheur est un art qui consiste à changer son regard en mettant des lunettes roses" (Jade).
Les 'lunettes roses', cela signifie : voir au travers de moi tout ce que j'ai de positif : mes projets, ma force, ma liberté, mon espérance, ma confiance en la Vie ... et être heureux de ce que je suis ... car ma valeur personnelle, c'est ce que je suis ... et non ce que j'ai !
----------------------------------------------------------
"L'homme est un animal insatisfait qui hésite entre plusieurs frustrations."
Frederic Beigbeder