Tout cela durera-t-il inéluctablement jusqu'à ma mort ?
Une mort de délivrance ?
Mon épitaphe serait : "Maintenant, il ne souffre plus".
Continuer à survivre ?
Continuer à vivre cette vie de rescapé, me retrouver toujours seul avec mon théâtre d'ombres, mes cauchemars intimes, mes frayeurs incomprises ?
Souffrir chaque journée comme un hiver infernal qui colle à la peau, cicatrices et greffes comprises ?
Personne ne s'intéresse à mon témoignage.
Aurais-je vécu tout cela pour rien ?
En quoi cet accident aura-t-il pu au moins être utile ?
Nous avons, comme humains, la capacité de supporter beaucoup de douleurs physiques ou morales, si nous sommes assurés que l’expérience prendra fin, qu'on y survivra, que la situation est réversible.
Et quand la situation semble irréversible ?
Malgré toutes les activités que j'ai eues, malgré tout ce qui m'a donné la joie de vivre, ce qui m'a passionné, les diplômes que j'ai accumulés, malgré mes proches avec lesquels j'ai fait des choses extraordinaires, je n'ai pas encore dépassé ce statut de rescapé.
L'âme, l'esprit, le corps sont blessés au plus profond ...
Et la vie continue : il faut souvent faire semblant que tout va bien, en face de gens qui font semblant de n'être au courant de rien.
Sombre hypocrisie ... ou survie ?... ou résilience ?
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"Il y a trois choses qu'un homme ne doit pas ignorer s'il veut survivre assez longtemps en ce monde : ce qui est trop fort pour lui, ce qui est trop peu pour lui et ce qui lui convient parfaitement".
Proverbe Bantou